Par une plume qui roule souvent, et regarde les femmes rouler fort
En juillet 2022, on a vu pour la première fois le peloton féminin gravir les routes du Tour de France sous les caméras du monde entier. C’était un instant historique. Quatre ans plus tard, Zwift, partenaire titre de l’épreuve, dresse le bilan dans une grande étude internationale. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : le cyclisme féminin a gagné en visibilité, en légitimité, et surtout, en compétitivité.
Une visibilité enfin à la hauteur
Pendant longtemps, les femmes pédalaient dans l’ombre. Moins de courses, moins d’images, moins d’argent. L’arrivée du Tour de France Femmes avec Zwift a inversé la tendance. L’événement est devenu un symbole puissant, une vitrine mondiale.
Le sport féminin bénéficie d’un élan d’intérêt et d’investissements à travers le monde. Mais jusqu’en 2022, le cyclisme professionnel féminin n’avait pas accès à la plus grande scène du calendrier : le Tour de France. Le fait de l’intégrer dans le World Tour a changé les règles du jeu, explique Kate Veronneau, directrice du cyclisme féminin chez Zwift.
Plus de femmes, plus de carrières, plus de rêve
Depuis cette première édition, le nombre de femmes rejoignant la plateforme Zwift est en hausse. En 2022, elles représentaient 18 % des nouveaux abonnés. En 2025, elles sont 23 %. Le message passe : oui, le vélo est aussi une affaire de femmes.
Dans le peloton, les changements sont visibles. En 2020, un salaire minimum est instauré dans les équipes World Tour. En 2025, il atteint 31 768 €. Une nouvelle catégorie Pro Team offre aussi un socle salarial. Et petit à petit, le cyclisme féminin devient une vraie voie professionnelle.
Quand j’étais petite, je regardais les hommes gagner des grandes courses, mais jamais les femmes. J’ai étudié pendant cinq ans pour assurer mes arrières. Aujourd’hui, le cyclisme est devenu mon métier, confie Ruby Roseman-Gannon, pro chez Liv AlUla Jayco.
Un peloton plus dense, plus tactique, plus spectaculaire
Les chiffres ne racontent qu’une partie de l’histoire. Le reste se vit dans le peloton. Sprint, échappées, descentes… tout est devenu plus précis, plus rapide, plus organisé.
Il y a quelques années, les arrivées au sprint étaient chaotiques. Aujourd’hui, chaque équipe a son train, ses lanceuses, ses tactiques. Le niveau est monté d’un cran, tout est plus intense, raconte Puck Pieterse, coureuse chez Fenix-Deceuninck.
Anastasiya Kolesava (CANYON//SRAM) le confirme : Les vitesses sont plus élevées, les montées plus disputées, les descentes plus techniques. Et surtout, il y a plus de femmes capables de gagner. Le suspense est partout.
Une course devenue phénomène médiatique
La dernière édition du Tour de France Femmes avec Zwift a été vue dans 190 pays. En France, près de 20 millions de téléspectateurs ont suivi les huit étapes. C’est la course la plus regardée du cyclisme féminin… et ça change tout.
Cette visibilité a un effet direct : les budgets des équipes World Tour sont passés en moyenne de 2,35 millions d’euros en 2022 à 4,67 millions en 2025. Et les sponsors répondent présents. Nike, par exemple, a signé en 2025 un partenariat avec FDJ-Suez. La croissance est bien là — et elle attire.
Quand on ne voit pas un sport à la télévision, on ne peut pas s’y projeter. Aujourd’hui, on voit des femmes gagner, attaquer, chuter, revenir. Et ça change tout pour les jeunes générations, dit Pieterse.
Des réseaux sociaux au cœur de l’expérience
La diffusion traditionnelle reste un défi dans certains pays, mais les fans se sont adaptés. Sur Instagram, Facebook, YouTube, les contenus autour du Tour explosent. En 2024, les comptes sociaux de l’événement ont généré 357 millions d’impressions. Et les coureuses gagnent des milliers d’abonnés en quelques jours.
Le message est clair : le cyclisme féminin se regarde autant en ligne qu’à la télé. Et cette présence numérique aide aussi à construire des carrières, à générer de l’engagement et à créer des communautés.
Des effets concrets sur la pratique
Regarder donne envie de faire. Selon l’étude, 69 % des femmes qui ont suivi le Tour de France Femmes avec Zwift déclarent avoir été inspirées à rouler plus. Et 17 % sont même passées à l’achat d’un vélo. Une preuve supplémentaire que la visibilité peut générer de l’action — sur route comme sur home trainer.
La tendance est particulièrement marquée chez les jeunes. Sur Strava UK, le nombre de femmes de moins de 35 ans actives à vélo a augmenté de près de 20 % depuis 2019. Le vélo s’ouvre. Lentement, mais sûrement.
Et maintenant ? Construire l’avenir
Pour Zwift, la mission ne s’arrête pas là. Avec la campagne Watch The Femmes, la plateforme veut transformer cette dynamique en mouvement durable. Cela passe par le soutien aux communautés féminines, à la création de programmes de développement, et à une meilleure prise en compte des besoins spécifiques des femmes dans la pratique.
On entre dans un âge d’or du cyclisme féminin, mais il faut continuer à pousser, insiste Pieterse. Plus de courses, plus de diffusion, plus de rêves à partager. Et surtout, plus d’équité.
Le message est clair : l’élan est là. Il faut maintenant le transformer en culture, en infrastructure, en opportunités. Pour que chaque gamine qui regarde le Tour puisse se dire un jour : « Moi aussi, je peux y aller. »




