Le turfu LCM#13

Funfere Koroye est le “turfu” du continent. Derrière sa ligne de sneakers aux accents nigérians se cache un designer qui a roulé sa bosse. Il commence par quitter son Nigéria natal pour suivre des études d’ingénieur industriel au Royaume-Uni, y fonde sa structure Fusion Kevlar puis plie bagages direction Florence. Il achève son tour en s’expatriant quelques années en Chine et finit par rentrer au bercail. Nous avons stoppé le designer/pigeon voyageur en pleine course le temps de répondre à quelques questions pour LCM#13

 

Quand avez-vous créé votre marque de chaussures ?

Je n’ai pas fondé de compagnie de footwear, j’ai démarré une agence de développement de produits dont l’un de nos premiers projets était une chaussure. C’était en 2011 juste après l’obtention de mon diplôme en design industriel.

 

Pourquoi faire de la chaussure quand on a étudié le design ?

Le footwear est probablement notre premier pourvoyeur d’emploi avec des marques comme Nike, Adidas et Puma qui embauchent à foison. J’ai observé les collaborations des cadors du milieu tels que Marc Newson puis m’y suis engouffré.

 

J’ai lu sur “concept kicks” que vous avez eu votre révélation après que l’un de vos amis ait gagné un concours de design de chaussures ? Que s’est-il passé exactement ?

Cela m’a fait réaliser que c’était un business rentable. J’y ai vu un signe du destin, car j’étais à un moment de ma vie ou il fallait que je fasse un choix.

 

Qu’avez-vous retiré de votre expérience en Italie ?

Le goût du travail manuel, une formation en confection de chaussures, très peu de design. En fait, je ne me souviens même pas avoir utilisé un ordinateur ou un stylo. Le maniement des aiguilles et du fil m’a aidé à conceptualiser de nouvelles constructions de semelles, à explorer des défis de confort et analyser l’importance de l’ergonomie.

 

Et la Chine dans tout ça ?

J’y suis allé pour me former sur la production à l’échelle industrielle, c’était un passage obligé. J’y ai appris que pour faire du profit, il fallait de la main d’œuvre et posséder sa propre usine.

 

Vous faites des souliers et des sneakers, pourquoi ne pas vous concentrer sur un seul style ?

Le marché est large, du coup je me suis recentré sur la fonctionnalité avec les chaussures de ville et de sport. Je garde mes distances avec les chaussures pour femme car c’est un domaine où la mode prime sur l’utilitaire.

 

Et le textile ?

La fashion week a très peu d’attrait à mes yeux. Je ne fricote qu’avec des lignes utiles au corps humain.