A l’heure où Maison Château Rouge et Sawa Shoes présentent leur collaboration, LeCloset revient sur l’article consacré a la marque de sneakers française la plus africaine au monde dans son dernier numéro. Voici l’entretien consacré à Medhi Slimani, fondateur de Sawa.
C’est au détour des allées de l’exposition Fashion mix au Musée de l’immigration que nous avons retrouvé une marque bien connue de nos services, Sawa. Le nom est à lui seul une réunion au sommet de l’O.U.A. Donné en référence à l’ethnie camerounaise, Sawa a aussi une signification en swahili “bien” et en arabe “ensemble”. Extraordinaire concours de circonstance pour Medhi Slimani et ses acolytes dont l’idée de départ était de produire dans le pays d’Etoo fils à partir de matières premières glanés sur le continent entre Cameroun, Nigeria, Tunisie, Egypte et Afrique du Sud. Le commerce équitable, qui est le nouveau mot à la mode pour dire humanitaire, n’a jamais été dans leur viseur. Non, Medhi se veut l’écho de l’Afrique moderne. Celle qui produit, entreprend et négocie avec les mêmes objectifs que toute autre entreprise dans le monde, juste avec un accent différent. Les premiers résultats furent encourageants mais les routes bloquées du Printemps Arabe et le bakchichs élevés au statut d’Art au Cameroun ont eu raison de la bonne volonté de nos compères. Le Cameroun les a TUER ! Après une remise en question, c’est de l’autre côté de l’erg que Sawa est allé voir si l’herbe était plus verte, en Ethiopie plus précisément. Pays sur lequel Medhi est dithyrambique entre la stabilité politique, la croissance économique à 2 chiffres malgré l’absence de pétrole et débouchés maritimes, le savoir-faire et la qualité des matières premières (désormais tous les matériaux de la composition des chaussures proviennent du pays hôte). C’est donc partagé entre Addis-Abeba et les bureaux de Barbès que Sawa se reconstruit et rayonne encore plus fort à l’international. Nul n’étant prophète en son pays, vous ne trouverez que très peu de Sawa en France mais les trendsetters d’Asie et d’USA en sont friands. Est-ce dû au codes du design épuré dessiné dans une parcelle de Douala, à la qualité des matériaux et du façonnage ou encore aux multiples collaborations avec des noms aussi prestigieux que l’Hôtel Michel Berger de Berlin, Oxmo Puccino ou Public Enemy ? Assurément un mix des trois. Pourtant, la marque n’a pas encore atteint son plein potentiel, son apparition au musée n’est que le strapontin qui lui permettra d’accéder au panthéon. En cette fin d’année, la marque qui a un pied en Afrique et un autre en France, prépare une co-op avec The Roots, puis avec la marque textile “La maison château rouge” et enfin une première collab’ avec un artiste africain, le phénomène de la chanson congolaise, Fally Ipupa !