250 km de boue, de plaisir et de jurons : chronique d’un gravel heureux
Le gravel, c’est comme le café : on pense savoir ce que c’est, jusqu’à ce qu’on goûte un vrai.
Et après 250 km au guidon du Trek Checkpoint ALR 5, je peux te le dire : c’est un espresso bien corsé, sans sucre, avec une mousse d’adrénaline et quelques grains de boue pour relever le tout.
Un cadre qui respire l’aventure (et la poussière de Chevreuse)
Ce vélo, c’est le genre de compagnon qui n’a pas besoin de parler pour te dire “viens, on sort”.
Sa robe bleu océan dégradé inspire confiance — ni tape-à-l’œil, ni fade. L’aluminium Alpha 300 Series encaisse les kilomètres comme si de rien n’était, et la fourche carbone fait office de traductrice entre le chaos du sol et ton confort lombaire.
À peine parti du plateau de Saclay, le vélo avale les chemins forestiers de la vallée de la Bièvre, s’amuse dans les sous-bois humides de Chevreuse, et ne bronche pas sur les pistes plus sèches de Chantilly.
Il en redemande, et toi aussi.
Transmission SRAM Apex 1 : le minimalisme efficace
Un plateau. Onze vitesses. Zéro complication.
La transmission SRAM Apex 1×11 est l’alliée des gens qui préfèrent pédaler que réfléchir.
Le dérailleur claque net, les rapports passent avec la précision d’un métronome, et la grande cassette 11–42 permet de grimper à peu près tout — sauf peut-être les escaliers du château de Chantilly, mais on n’a pas essayé.
C’est un système qui pardonne les changements de vitesse brutaux en montée et supporte très bien les excès d’enthousiasme. En descente, il reste d’une stabilité exemplaire, sans bruit parasite.
Freins SRAM hydrauliques : la bonne panique maîtrisée
Oui, les freins SRAM Apex hydrauliques sont puissants. Très puissants.
Le genre de freinage qui te rappelle que tu as encore besoin de tes bras.
Sur les pentes humides de la forêt de Meudon, il suffit d’un doigt pour doser la décélération sans bloquer.
Le mordant est progressif, presque civilisé — mais quand il faut s’arrêter net parce qu’un chevreuil décide de traverser la route, ils répondent présent.
Confort et comportement : ni course, ni canapé
Le Checkpoint ALR 5 est un vélo honnête. Il ne ment pas sur sa nature.
Il ne te fera pas croire que tu es un coureur pro, mais il t’encouragera à rouler comme si tu en étais un.
Sur la terre meuble de la forêt d’Halatte près de Chantilly, il reste stable. Sur les pavés de Gif-sur-Yvette, il absorbe sans broncher. Et sur les longues lignes droites du plateau de Saclay, il file avec une belle nervosité.
Les pneus Bontrager GR1 700×40, à flancs beiges, font parfaitement le job : confortables, efficaces et suffisamment cramponnés pour éviter la glissade involontaire. Ils ont un petit côté rétro chic qui, associé au cadre bleu dégradé, donne un charme indéniable à la machine.
L’endurance à la sauce gravel
250 kilomètres, c’est assez pour savoir si un vélo te veut du bien ou du mal.
Et celui-là, clairement, veut ton bien.
Après 4 heures de balade à travers l’Essonne, pas de douleurs, pas de fourmillements. La géométrie Gravel Endurance place le cycliste dans une position équilibrée, parfaite pour rouler longtemps sans fatigue excessive.
Le cadre aluminium, souvent accusé d’être trop rigide, trouve ici le bon dosage entre efficacité et tolérance.
En montée, il reste vif ; en descente, il reste droit.
Et quand tu poses le vélo contre un arbre pour une pause café, tu as cette impression rare : celle d’avoir choisi le bon compagnon.
Polyvalence et esprit Trek
Le Checkpoint ALR 5 n’est pas un vélo spécialisé : c’est un vélo curieux.
Il aime les routes, les sentiers, les chemins boueux, les graviers qui craquent sous les pneus.
Il est aussi à l’aise sur un trajet vélotaf qu’en pleine campagne.
Et grâce à ses multiples fixations, tu peux lui coller à peu près tout ce qui se boulonne : sacoches, garde-boue, porte-bagages, ou même un prolongateur d’aventure si tu décides de partir sur plusieurs jours.
C’est le vélo d’un quotidien actif et de week-ends pleins d’imprévus.
Et face au Checkpoint+ SL électrique ?
Oui, Trek vient de lancer son Checkpoint+ SL, version carbone et électrifiée avec moteur TQ HPR60, batterie 360 Wh et fourche suspendue optionnelle.
Mais le Checkpoint ALR 5, lui, revendique autre chose : le plaisir brut.
Pas d’assistance, pas d’écran, pas de câble à brancher. Juste le souffle, les jambes et la satisfaction primitive de grimper par soi-même.
L’un est high-tech, l’autre est humain — et parfois, c’est plus reposant.
Verdict
Après 250 kilomètres entre l’Essonne, l’Oise, Chantilly, la vallée de Chevreuse et la vallée de la Bièvre, le Trek Checkpoint ALR 5 s’impose comme un gravel de référence : robuste, joueur, endurant et surtout incroyablement agréable à vivre.
C’est le vélo qui donne envie de rater le RER pour rentrer par les chemins. Un vélo de caractère, sans assistance ni artifices, qui prouve qu’on peut encore s’amuser sans batterie.

















































