Dans le second opus du Closet, Billie Ray Valentine revenait sur les chaussures iconiques de la grosse pomme, la Pro-Keds.
Bien que nanard ultime, le film « Warriors » est une peinture assez fidèle du New York des années 70. A cette période, les bandes s’affrontaient dans les rues infâmes d’Harlem et du Queens et le Bronx disparaissait sous les flammes. On peut dire que la ville tient son salut d’un nouveau courant musical apparu à l’époque, le Hip Hop.
Initié par la ZULU nation, les jeunes délaissèrent leurs couteaux papillon pour s’affronter dans des battles de danse énergiques. Une nouvelle pyramide sociale se mît en place : les danseurs en sont les Dieux vivants suivis de près par les DJ maîtres des platines, puis viennent les Graffeurs, aux avants postes, ces éclaireurs délimitent le territoire par leurs dessins, et enfin les MC’s (rappeur) sortes de troubadours des temps modernes, autorisés à traîner aux côtés des dieux tant qu’ils arrivent à mettre de l’ambiance avec leur poésie.
Aujourd’hui les codes du mouvement ont changé. Les MC’s ont inversé la pyramide, Jay Z règne sur la street culture et fait rimer Uptown avec Air Force 1 sur MTV. Pour autant les B.boys gardent en mémoire l’époque bénie où la chaussure officielle du mouvement était la 69ers de Pro-Keds!
Si les sneakers étaient une monarchie, Keds serait la reine mère. Le modèle « Champion » créé en 1916 est la première sneaker de l’histoire. Plus tard en 1949, la firme se dote d’un département athlétique et lance la marque Pro-Keds. Dans les années 70, les “Super” aussi appelées 69ers sont portées par les meilleurs joueurs NBA. La marque est la première a sponsorisé des athlètes natifs de NYC Kareem Abdul Jabbar et Nate « Tiny » Archibald. Honorée la ville lui rendit cet amour au centuple! Les New Yorkais des quartiers se l’accaparent, les rebaptisent “Uptowns” et sont prêts à risquer leur vie pour elles. Pourquoi ? Tout simplement parce que les figures du Hip Hop Afrika Bambataa et Rock steady Crew en tête les avaient ajoutées à leur panoplie. Tige haute pour les playgrounds ou version basse pour la Block party, le port de la 69ers obéissait à un code très strict. Se présenter à une battle sans les “Uptowns” était passible d’un véritable lynchage psychologique !
Mais voilà, signe des temps modernes, les rappeurs vont tirer la couverture. Ils se multiplient et rivalisent depuis leurs propres fiefs à coups de chaussures en cuir de plus en plus sophistiquées. En un rien de temps, ils étaient devenus prescriteurs et les Pro-keds en canvas ne pouvaient plus tenir la comparaison. Quelques soubresauts les ont maintenu en vie jusqu’en 84 et puis plus rien jusqu’à ce que le rappeur Beanie Siegel ramène son entourage choc (Jay Z et Damon Dash) sur un stand Pro-Keds dans un salon de Vegas. La marque est alors réanimée.